Il y a des rappeurs qui cherchent « la street crédibilité » tout au long de leur carrière artistique. Qu’on le veuille ou non, un rappeur doit connaître la rue, car le Rap est la voix des quartiers, le témoignage de la minorité muette. Lapso Laps n’a aucun problème de ce point de vue. L’homme est connu de tous dans le milieu. Un homme de parole aux antipodes du Rap d’aujourd’hui, de gros égo-trip pour un message véritable.

Vrais reconnaissent Vrais ?

Lapso Laps apparaît au début du siècle comme le Bug de l’an 2000. Après une apparition sur une compilation en 1999, il sort sa propre compilation « septa septa industrie » un an plus tard. Mais c’est aux côtés du cauchemar du Rap français, R.O.H.F.F, que Lapso Laps va véritablement faire son entrée dans le Rap « grand public », lui qui était déjà populaire dans le Rap indépendant.

D’abord en 2005 il apparaît sur le clip « en mode », puis il accompagnera l’ennemi juré de Booba dans sa tournée pour « le Code de l’Horreur » en 2009. Lapso Laps est omniprésent. C’est alors qu’il rentre en studio pour son premier gros projet intitulé « Fonctionnaire d’la rue ». Dans ce projet, il s’entoure de certaines légendes du Rap US comme ‘Capone N Noreaga’. Et surtout, il choisit « Fred le magicien » pour travailler sur son projet.

Fred Le Magicien est un ingénieur du son ultra côté qui a notamment travaillé sur le titre « Regretté » de Rohff (le meilleur titre de Rohff selon certains). Lapso est le meilleur représentant des quartiers d’abord pour son histoire mais également pour sa musique. Le choix des collaborations sur « Fonctionnaire d’ la Rue », des productions instrumentales, et ses textes, le placent loin du « Rap Pop Corn » dans un Rap qui plaît aux puristes car il est vrai. C’est justement cette authenticité que Lapso va payer quand il retournera en prison en 2009…

Un long chemin vers la liberté !

Tous les rappeurs ont un jour réalisé une performance qui les a suivi tout au long de leur vie. Lorsque Lapso Laps a été placé en détention, certains le disaient foudroyé en plein vol, complètement fini. Et pourtant, c’est à ce moment là, le dos au mur, que Lapso va réaliser sa plus belle performance.

Profitant de 6 heures de permission accordée par la Justice, il enregistre « La Cage » au studio, et tourne même un clip. Pour les initiés, c’est avec ce titre que Lapso Laps va s’imposer comme un des rappeurs les plus en vues de sa génération. « La cage » sera visionné plus de 35 000 fois sur YouTube.

En sortant, il fonde son propre label et envoie enfin une mixtape très attendue « Ghostape ». Ghost Face s’écoulera à plus dix milles exemplaires. C’est une énorme performance pour un artiste qui évolue en indépendant. Le titre « Mon Frellon Mon frell » sera particulièrement salué.

Lapso Laps est un artiste qui ne doit rien à personne. Contrairement à d’autres artistes, il n’a pas fait le choix de l’argent et du rap populaire. Il reste l’un des derniers piliers du Rap toujours en exercice à offrir un rap intelligent qui emprunte parfois plus à « l’authenticité » qu’à la recherche hystérique de mélodie. Un rap recherché qui caractérise parfaitement ce personnage connu dans de la musique mais aussi en dehors.